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Le "manifeste" d'ADN 118

 

 

ADN 118 est né de la volonté de jeunes metteurs en scène, réunis par une formation commune, de se rassembler afin d' "inventer" un "collectif de metteurs en scène".

Voici en quelques lignes les idées fortes de notre démarche.

 

 

La génèse d'ADN 118

Un collectif de metteurs en scène, un modèle à construire

Un rassemblement d'artistes qui n'est pas un mouvement artisitique...

...Mais une tribune valorisant les singularités artistiques de ses membres.

Au delà de la louange ou du blâme, une critique au service de l’intelligence et du cheminement

 

 

 

La genèse d’ADN 118

En 2002/ 2003 est créée à Nanterre la première formation universitaire à la mise en scène de théâtre. Cette formation, un DESS,  accompagne pendant deux ans une quinzaine d’étudiants. Composée de séminaires théoriques réguliers et de stages pratiques, elle cherche à la fois à développer un artisanat du théâtre et à donner des outils intellectuels pour le repenser.
A la rentrée 2004 notre promotion arrive sur les bancs du DESS. Le faible nombre d’étudiants facilite le dialogue entre les membres de la formation, et rapidement les échanges se multiplient sur les pratiques de chacun. A la diversité de parcours des étudiants, s’ajoute celle des intervenants extérieurs, auteurs, metteurs en scène, dramaturges, scénographes…Au fil des discussions, un portrait du spectacle vivant se tisse et se dessine, plein  de contrastes, traversé d’ombres et de lumières. Nous découvrons ensemble la géographie du théâtre actuel et constatons que bien souvent, la solitude y fait loi. Ces échanges artistiques dont nous bénéficions nous apparaissent alors comme un privilège dont beaucoup d’artistes sont privés.

 

Un collectif de metteur en scènes, un modèle à construire.


Dans le monde de la mise en scène, il y a plus d’îlots que d’archipels et le partage n’est pas de règle. Soucieux de ne pas reproduire cet état de choses, nous décidons de créer ADN 118, collectif destiné à favoriser l’échange d’idées et de ressources entre de jeunes metteurs en scène, tout en les encourageant à affirmer une vision esthétique personnelle et singulière. La condamnation de l’artiste à l’individualisme, ce lieu commun, nous le refusons. Plus encore, nous refusons de réduire le metteur en scène à cette anthropologie sommaire qui fait de lui un être clos sur lui-même, sur ses seules visions et ses seuls intérêts. ADN 118 témoigne de ce refus. C’est aussi un défi dans la mesure ou l’idée d’un collectif de metteur en scènes n’est pas un héritage mais un modèle à construire.

 

Un rassemblement d’artistes, qui n’est pas un mouvement esthétique…

Mais pourquoi se regrouper ? Pourquoi faire le pari du partage, et quel partage ? D’ordinaire, quand des artistes s’assemblent, c’est pour affirmer qu’ils gravitent autour de la même intuition esthétique et faire triompher celle-ci. L’ambition d’ADN 118 est toute différente : ce que nous partageons ce n’est pas une vision mais des valeurs, celles de l’échange, de l’écoute, du partage, et de la confiance dans le discours critique.

  

…mais une tribune valorisant les singularités esthétiques de ses membres


 En un  sens, ADN 118 ne cherche pas à faire parler tous ses membres d’une seule voix, mais à faire entendre la voix de tous ses membres.  A l’image d’une démocratie, au sein de laquelle plusieurs tendances politiques peuvent exister, ADN 118 est un collectif de metteurs en scène où les voix artistiques les plus diverses peuvent se faire entendre à la seule condition que l’expression de l’une ne nuise pas à celle d’une autre. Le partage auquel nous croyons, c’est celui de nos singularités parce que nous sommes convaincus que la singularité de l’autre n’est pas une menace à la nôtre mais la condition même de son épanouissement. Reconnaître la singularité d’autrui, lui donner les moyens de l’affirmer, c’est soutenir une vision qualitative du monde et non quantitative, c’est renoncer à le placer sur l’échelle du bon et du mauvais pour l’aider à trouver sa place sur la carte des possibles. Contre la peur du rival, contre l’idée que tout ce qui n’est pas moi est contre moi, contre l’idée que la réussite de l’autre est le début de notre échec, ADN 118 cherche à affirmer les singularités de tous, à ne les juger que par rapport à ce qu’elles cherchent à être et non par rapport à ce qu’on voudrait qu’elles soient. Elle cherche à donner au metteur en scène le moyen de défendre ses réflexions, convictions et intuitions, que ce soit par des moyens concrets, ou par des commentaires et des échanges intellectuels.

 

Au delà de la louange ou du blâme, une critique au service de l’intelligence et du cheminement

         Accompagner l’autre dans son parcours artistique, ce n’est pas seulement lui faire une place sur la scène, c’est aussi avoir une écoute active et intelligente sur son travail. A l’heure où dominent dans les journaux la critique d’humeur et les compte rendus promotionnels, ADN 118 cherche à nourrir le travail des artistes et la réception des spectateurs par des réflexions de fond sur l’actualité du spectacle. Alors que l’artiste a besoin d’un dialogue avec la critique pour penser son art, la seule chose qu’il entend bien souvent, c’est l’expression sans nuances du mécontentement ou de l’enthousiasme. Les artistes se trouvent à la merci d’une parole qui les flatte ou  les blesse sans les aider à se construire. Nous voulons combattre cette relation trouble entre l’artiste et la critique. Nous voulons faire de la critique un acteur à part entière de la vitalité du spectacle vivant, un lieu où le sentiment ne va pas sans l’analyse, où l’expression du plaisir ou du déplaisir ne va pas sans la volonté d’en déployer les causes et d’en mesurer les conséquences.